Les glaneurs de Wazemmes

Malgré la neige et la fermeture prématurée du marché de Wazemmes, quelques glaneurs ont fait le déplacement hier pour inaugurer la nouvelle échoppe qui leur est destinée. Baptisée simplement La tente des glaneurs est installée rue Corneille, elle distribuera désormais gratuitement chaque dimanche des paniers de fruits et légumes invendus par les commerçants du marché.

« Nous faisons le tour des étals en fin de matinée pour récupérer les denrées consommables destinées à la poubelle, et nous les redistribuons tout au long de l'après-midi », explique Yves Delahaie, président de l'association La tente des glaneurs et conseiller de quartier.

En somme, les bénévoles glanent pour les glaneurs. « Mais au fur et à mesure, nous enrichirons notre action, en distribuant également des fleurs et de la musique », ajoute-t-il.

« Une très bonne idée »

L'objectif affiché est triple : éviter le gaspillage, aider les gens dans le besoin, et réduire la masse de déchets qui se répand sur les trottoirs lors des fins de marché. « Je trouve d'ailleurs la rue Corneille très propre aujourd'hui », se réjouit Maurice Thoré, président délégué du conseil de quartier de Wazemmes.

Mais qu'en pensent les principaux intéressés ? Devant la tente, un cabas de légumes au bras, Véronique, 52 ans et glaneuse depuis des dizaines d'années, salue l'initiative. « C'est une très bonne idée. D'abord parce que la vie est dure et que ça nous aide bien, et ensuite parce que ça permet de passer un moment convivial. » Plus loin, le nez dans les cagots abandonnés, Jean, la soixantaine, ne partage pas cet avis. S'il récupère les produits laissés par terre, c'est avant tout pour ne pas devoir aller aux Restos du coeur. « Quand vous glanez, vous ne demandez pas la charité, vous prenez ce qui est abandonné.

C'est complètement différent. Je n'ai pas envie d'aller faire la queue devant une tente pour récupérer ce que je peux prendre moi-même. » Des réticences qui, selon Yves Delahaie, devraient disparaître petit à petit. « Au début des Restos du coeur, il y avait les mêmes critiques, on disait que ça stigmatisait. Je pense que les glaneurs finiront par dépasser le stade de la gêne et que la tente entrera bientôt dans les moeurs » , assure-t-il.
Du côté des commerçants, l'initiative reste pour le moment peu connue, même si les responsables de l'association assurent « sensibiliser les vendeurs et rencontrer un écho très favorable »

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